Amour pour Amour !

    Juin demeure traditionnellement consacré à la vénération du Sacré Coeur de Jésus. Notre défunt pape François a publié à l’occasion du 350e anniversaire des apparitions de Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque, une lettre encyclique sur l’amour humain et divin du Coeur de Jésus Christ : Dilexit nos, qui se traduit par : «Il nous a aimés» 

    Nous n’adorons pas le Coeur de Jésus comme un simple « organe corporel », souvent représenté sur des images saintes illustrant Jésus qui ouvre sa poitrine en montrant un coeur épineux… C’est toute la personne du Christ aimant, dans son incarnation mais aussi sa divinité, que nous sommes appelés à vénérer [cf. 55]*. Mais également, dans le sens toujours réactualisé du mystère pascal : oui, le Christ qui souffre sa passion et sa mort, mais subsiste à jamais vivant et ressuscité !

    Au coeur du monde, «le Coeur du Christ est extase, il est sortie, il est don, il est rencontre.» [28] Jésus confiera à la petite religieuse Marguerite-Marie Alacoque : « Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes, qu’Il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. » [121]

    L’amour intense du Christ s’avère le noyau vivant de la première annonce du Royaume, «l’origine de notre foi, la source qui donne vie aux convictions chrétiennes.» [32] L’Évangile nous montre avec éloquence l’amour de Jésus en action dans ses gestes et ses paroles. Les Écritures nous rappellent aussi avec abondance que cet amour concret, comme une source d’eau vive, se donne à boire à ses amis intimes [cf. 96].

    Sainte Catherine de Sienne transcrit : « J’ai voulu que vous voyiez le secret de mon coeur, en vous le montrant ouvert afin que vous voyiez que je vous aimais plus que ne pouvait le montrer la souffrance finie.»  [111] Cet amour vivant qui s’épanche et se donne à boire se révèle « une invitation à la relation personnelle où chaque personne se sent unique devant le Christ » [114]. L’union intime ouvre la porte par ailleurs à la dimension trinitaire. Jésus nous amène à rencontrer filialement son Père dans l’Esprit d’amour: «La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père!»  (Ga 4,6) [76].

    Enfin, le pape François, s’inspirant de saint Charles de Foucauld, démontre comment la dévotion au Sacré Coeur, qui nous invite à un «commerce d’amitié»  avec lui, doit déboucher sur une composante missionnaire [cf. 205]: « De toutes mes forces, je tâche de montrer (…) que notre religion est toute charité, toute fraternité, que son emblème est un Coeur. » Saint Charles devise alors Iesus Caritas et écrit : «La charité doit rayonner des fraternités, comme elle rayonne du Coeur de Jésus.»  [179] La petite Thérèse s’exclamera de même : « Dans le Coeur de l’Église, je serai l’Amour. » [198] Le monde a besoin de « missionnaires amoureux » [209] du Coeur du Christ, qui a tant soif d’être aimé… Amour pour Amour !

    Abbé Y. Michel Lafontaine, B.Th., M.A.
    ymichel.lafontaine@gmail.com

    * Les chiffres entre crochets réfèrent au paragraphe de l’encyclique du pape François, Il nous a aimés, 2024.